La droite est le parti de l'ordre immoral
«La droite est le parti de l'ordre moral» nous dit l'intellectuel de gauche Edwy Bourdieusul. Ce que confirme le droitard Eudes-Henri de Saccamin en rajoutant que «la gauche est le parti du désordre immoral». Mais le droitard Saccamin ne prétend pas incarner uniquement l'ordre et la morale, mais aussi la liberté ! Car selon lui, si j'ai bien tout compris, la gauche produirait du désordre et de l'immoralité pour justifier l'intervention de l'État partout, ce qui serait liberticide.
Saccamin s'érige donc en défenseur des libertés ! Pas toutes les libertés, visiblement. Pas celle que son ordre moral réprouve, évidemment.
Pas la liberté de manifester et de faire grève, car ce serait péché de colère.
Pas la liberté de vouloir une société moins inégalitaire, car se serait péché d'envie.
Pas la liberté de donner librement son opinion sans être adoubé par l'élite, car se serait péché d'orgueil.
Pas la liberté d'aller parfois au restau quand on est un prolo car ce serait péché de gourmandise.
Pas la liberté d'avoir un peu de temps libre et de ne pas passer sa vie à l'usine ou au bureau, car se serait péché de paresse.
Par la liberté de vivre sans complexe sa sexualité car se serait péché de luxure.
Ah... et j'allais oublié tellement c'est ridicule... Monsieur de Saccamin voit du péché d'avarice dans le fait de recevoir une retraite et des allocations familiales... mais pas dans le fait d'exploiter ses salarié.e.s quand on est patron.e ou actionnaire.
Mais alors quelle libertés nous restent-t-il ? En fait, c'est très simple: les libertés que défend la droite, ce sont les libertés dont ne veut pas la gauche: liberté d'opprimer, de discriminer, liberté d'être raciste, sexiste, homophobe, liberté d'exploiter sans limite ses salariés puis de les jeter sur le carreau, liberté pour les riches d'être toujours plus riches et de pousser les pauvres au suicide. Et donc pour Saccamin, une société où l'on peut jouir de ces libertés mais pas de celles d'avoir du temps pour soi et sa famille, d'avoir une vie sexuelle épanouie et de protester quand cela est nécessaire, cela s'appelle une société ordonnée selon la morale.
Alors, c'est que nous n'avons décidément pas la même morale ! Que la société défendue par Saccamin soit une société d'ordre, je ne dis pas le contraire, mais c'est un ordre profondément immoral. Et la morale catho-bourgeoise défendue par la droite n'est au final qu'une pseudo-morale fabriquée par les riches pour que les pauvres se laissent dominer sans protester.
Bourdieusul a donc raison de dire que cette pseudo-morale ne sert qu'à préserver l'ordre dominant. Mais pourquoi ne dit-il pas que si nous, à gauche, nous voulons renverser l'ordre bourgeois, c'est précisément parce que nous le trouvons profondément immoral et que nous sommes animés par un authentique idéal moral ? C'est en fait symptomatique de cette tendance à gauche à prétendre que nous serions adeptes d'un matérialisme étroit dans lequel les considérations morales n'auraient aucune place, alors que tout le monde sait bien que ce n'est pas vrai. Certes, pas besoin d'idéal moral pour être un universitaire de gauche comme monsieur Bourdieusul qui passe sa vie à agiter des idées sans jamais agir concrètement. Mais un militant qui se bat tous les jours sur le terrain, qu'est-ce qui peut l'animer s'il n'a pas une certaine idée du bien ?
Oui, nous trouvons qu'il est immoral de laisser crever les migrant.e.s dans la mer.
Oui, nous trouvons qu'il est immoral d'envoyer des policier.e.s dans les écoles maternelle pour faire des rafles d'enfants sans-papier.e.s.
Oui, nous trouvons immoral que des ouvrièr.e.s soient saigné.e.s aux quatre veines puis mis.es au chômage pour satisfaire la cupidité des actionnaires.
Et tous ceux qui pensent le contraire sont des salopards. Nous ne devons pas avoir honte de le dire. Et laissons la droite ricaner et ironiser sur le «camp du bien» ! Et si comme le fait remarquer Bourdieusul, le discours moral est principalement porté par la droite, c'est précisément parce que la droite n'étant pas le vrai camp du bien, elle a sans cesse besoin de se justifier et de se fabriquer une morale artificielle à la mesure des intérêts qu'elle défend. Alors que pour la gauche, la morale est une évidence.
Donc pour conclure, je pense qu'il n'est pas suffisant de dire que la droite est le parti de l'ordre moral.
La droite est le parti de l'ordre moral des salauds et des hypocrites, à l'opposé de la morale authentique qui anime la gauche.